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Pour qui roule le bus gratuit ?

Dernière mise à jour : 21 sept. 2023

Monsieur le Maire et Président de la Communauté d'Agglomération,


Certains semblent croire que le bus gratuit est fait pour nous dissuader de prendre nos voitures. Ce serait vous faire injure.


Car nous savons que de nombreux piétons et cyclistes l'empruntent régulièrement. Tous ces voyageurs qui se promènent gratuitement ne manquent pas de vous remercier quand ils vous aperçoivent, et s'en souviendront au moment des prochaines élections. N'est-il pas normal que les fonds publics vous aident à conforter votre position d'élu ?


L'insee, cet organisme sérieux ne s'y est pas trompé, et d'autres villes telles que Châteauroux en ont fait l'expérience ; en aucun cas cette mesure n'est pour déplaire aux automobilistes. Et comme les cyclistes et les piétons apprécient, tout le monde est content !


Pierre TAILLANT, un expert de l'ADEME s'est penché sur la question, et confirme vos bonnes décisions.


Malgré la gratuité des bus dans l’agglomération de Niort, la voiture continue de dominer les déplacements entre domicile et travail. C’est ce que révèle un récent recensement de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), des chiffres qui vont à l’encontre de ce que l’on pourrait attendre compte tenu de la politique de gratuité des transports en commun mise en place dans la ville. En effet, l’Insee a constaté que la voiture gagne du terrain, plus que les bus ou les deux-roues, et cela se fait au détriment de la marche. Une tendance paradoxale, qui cache une réalité complexe et révèle la difficulté de détourner les usagers de leur véhicule personnel.


Et de poursuivre :

Si l’on observe de plus près les chiffres, on constate que l’utilisation des bus a augmenté de 8,14 % en six ans. Cependant, cette hausse reste relativement modeste, passant de 4,53 % des déplacements domicile-travail à 4,73 %. En revanche, la progression de l’utilisation de la voiture, bien que plus faible en proportion (+4,12 %), est en réalité plus significative. De 81,72 % en 2014, on est passé à 82,19 % en 2020 pour les trajets domicile-travail. En d’autres termes, et malgré la gratuité des bus instaurée en 2017, le nombre d’automobilistes a augmenté deux fois plus que celui des passagers de bus en cinq ans dans le Niortais. CQFD.


Une vidéo publiée par le Journal Marianne le 26 août dernier se penche aussi sur la mobilité,


D'après l'Autorité de Régulation des Transports dans son rapport 2022, l'essentiel des déplacements à vélo se fait sur une distance de 5 km maximum, y compris à vélo électrique. Or, sur cette distance, entre 2008 et 2019, la part du vélo et celle de la marche a crû de 25 à 26 % seulement, tandis que celle de l'auto a perdu 3 points seulement, passant de 68 à 65 %, la part modale des transports collectifs a elle aussi augmenté d'un point, passant de 7 à 8%. Pourtant, vous allez me dire, sur un trajet aussi court, la voiture ne roule pas à plus de 5 km/h quand il y a bouchon, et à 18 km/h en vitesse moyenne, alors que la vitesse du vélo oscille, elle, entre 10 et 25 km/h. En plus, le vélo, c'est pas cher, moins de 3 centimes par kilomètre parcouru, pareil que si vous prenez le TER, contre au minimum 22 centimes par kilomètre parcouru pour un automobiliste.


Nous on aime tellement nos voitures que même si c'est plus cher et plus lent, on les préfère aux vélos, à la marche ou au bus. C'est dire quel esprit de sacrifice nous caractérise. Que serait la ville sans notre animation permanente et le spectacle toujours renouvelé que nous offrons ? Comment les habitants pourraient-ils s'endormir sans nos pétarades ? Qui peut se passer d'un bon nuage de gaz d'échappement ou de particules de pneus de nos nouveaux véhicules électriques ? Qui occuperait avec plus d'élégance l'espace public ?


Et de poursuivre, au sujet des bus avec l'expérience de Châteauroux,


Châteauroux par exemple, 3 ans après la mise en place de la gratuité des transports, les déplacements en transports publics avaient certes doublé, mais ceux en voiture n'avaient baissé que de 1,4 %, les gens marchaient moins, 2,6 %, et faisaient moins de vélo, moins 6,6 %. Et ça n'a pas changé depuis, ici et ailleurs, quand on met la gratuité des transports on dissuade les gens de faire du vélo ou de marcher.



En définitive, nous savons bien que le seul vrai moyen de réduire notre présence, ce serait de nous empêcher de transiter par le centre ville librement, d'augmenter les zones piétonnes ou réservées aux résidents et de nous supprimer des places de stationnement. Mais nous n'allons pas le crier sur les toits. Laissons à nos opposants le combat de la peinture sur rue. C'est un plaisir de rouler dessus.


Bref, vous avez tout compris, et c'est très bien ainsi, ne changeons rien.


Vive la bagnole à Niort, vive le bus gratuit pour les cyclistes et les piétons, vive les bandes cyclables pour les voitures.



 
 
 

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