La bagnole en 18 leçons
- La Rédaction
- 29 déc. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 déc. 2023
Monsieur le Maire et Président de la Communauté d'Agglomération,
Nous les bagnolards n’avons pas de leçons à vous donner, bien au contraire. C’est ainsi que nous avons effectué la synthèse de votre politique en faveur de l’automobile à Niort. Ville qui appartient aux voitures qui la traversent et non à ses habitants, ce n’est un secret pour personne. Nous avons retenu 18 leçons qui ont prouvé leur efficacité, que voici. Si toutefois vous en voyez d’autres, n’hésitez pas à nous le faire savoir pour compléter la liste.
Leçon n°1 : des itinéraires de transit par le centre-ville, avec la place Saint-Jean comme nœud routier. Les habitants du centre-ville n’ont que faire d’un jardin botanique là où la voiture est reine.

Leçon n°2 : augmenter les infrastructures routières, avec par exemple l’ouverture de la rue de l’Industrie autour de la gare, tandis que les cyclistes et les habitants du quartier avaient demandé une voie en sens unique. Les voitures doivent aller partout, en tous sens, et une voiture a besoin de plus de place qu’un vélo ou un piéton.

Leçon n°3 : des chaucidous serre-fesses, avec des bandes de 50 cm où les pictogrammes ne tiennent pas entre les lignes. Le vélo doit se serrer contre le trottoir pour pouvoir être doublé. Il faut donc l’enfermer dans les bandes de peinture.

Leçon n°4 : des pictogrammes vélo au ras des portières de voiture. Le vélo doit comprendre qu’il est marginal et marginalisé. En plus, cela permet d’user plus vite la peinture avec les roues de nos voitures.

Leçon n°5 : des giratoires tout autour de la ville, avec un anneau central surdimensionné où les cyclistes se font doubler de tous côtés. La fluidité du trafic motorisé prime sur la sécurité des cyclistes. Avec de bons giratoires, on a d’excellents barrages à vélos.

Leçon n°6 : des limitations à 30 km/h là où on n’en a pas besoin, c’est-à-dire dans les petites rues du centre-ville et non sur des axes reliant les communes voisines, avec Aiffres, Bessines, etc. Quand on vient de là, on prend sa voiture et ça doit rouler.

Leçon n°7 : des zones de rencontre qui sont des itinéraires de transit, comme avec la rue du Petit Banc. Ainsi, on démontre que cet aménagement ne sert à rien et qu’il ne faut surtout pas en créer ailleurs. Des poteaux ont été remis là où les piétons étaient vraiment trop en danger.

Leçon n°8 : un réseau de bus gratuits, utilisés par les cyclistes et les piétons, et en particulier les jeunes. Les piétons et les cyclistes gênent la circulation des voitures, ils sont mieux à l’abri dans un bus, question de sécurité.

Leçon n°9 : des parkings partout, avec des places où les voitures reculent sans visibilité. C’est important que les vélos sentent qu’ils sont dans un environnement hostile. Et en plus, les habitants du centre-ville doivent pouvoir se garer facilement après être allés faire leurs courses dans les zones commerciales en périphérie.

Leçon n°10 : des autoroutes urbaines, où les vélos et les bus n’ont pas de voies dédiées, qui leur feraient croire qu’ils peuvent se déplacer plus vite qu’en voiture.

Leçon n°11 : des rocades en 2 x 2 voies, où les vélos et les bus n’ont pas de voie dédiée. Il faudra penser à leur en interdire l’accès.

Leçon n°12 : un plan d’itinéraires vélos qui évitent soigneusement les axes les plus courts : ce sont les vélos qui doivent faire des détours et non les autos.

Leçon n°13 : l’accès aux établissements scolaires en voiture, jusqu'à devant la porte, car c’est important de montrer qu’on a une belle voiture électrique qui pèse 2 tonnes pour emmener son gamin.

Leçon n°14 : des chicanes et des ralentisseurs partout où c‘est possible, car ça embête vraiment les vélos.

Leçon n°15 : une ancienne voie ferrée à laisser en friche, car si on a des sous à dépenser, faisons de nouveaux giratoires.

Leçon n°16 : interdire les zones piétonnes aux cyclistes car ils seront furieux, on pourra verbaliser les contrevenants et ils vont se fâcher avec les piétons. Pendant ce temps-là, nous on roule.

Leçon n°17 : les berges de la Sèvre ouvertes au trafic motorisé. Et non réservées aux seuls riverains. Car c’est en voiture qu’on visite Niort, la patrie de Gaston Barré, illustre constructeur automobile niortais qui a donné son nom au Lycée technique.

Enfin pour terminer, ouvrons grand les yeux, prenons la leçon n°18 chez Aubade, et envoyons les cyclistes sur les roses, au propre ou au figuré. De toute façon ils ne respectent rien ni personne, à commencer par le code de la route, créé pour permettre aux voitures de prendre officiellement possession de tout l'espace public.

En suivant ces leçons, nous nous engageons à défendre, à vos côtés, les intérêts légitimes des automobilistes pour construire des villes où la voiture affirme sa place, en excluant au maximum les autres moyens de déplacement. C'est en adoptant une politique urbaine résolument en faveur de la voiture que nous pourrons offrir un environnement où chacun peut se déplacer en toute sécurité et commodité, dans un univers douillet, comme chez soi.
Vive la ville aux voitures, à bas les piétons et les vélos, vive la France motorisée.
Commentaires